Après un sujet sur l’industrie l’année dernière, doit-on s’attendre à un retour à un sujet plus régional cette année pour l’épreuve HGGMC ESSEC 2015 ?

Sujet : Nourrir la planète : exigences paradoxales et nouvelle « géopolitique de la faim » (de la chute du mur de Berlin à nos jours).

Après l’ESCP l’année dernière, l’ESSEC a décidé d’imiter sa compère et de briser la traditionnelle alternance sujet global/sujet régional avec un sujet portant sur l’alimentation et la faim.

Comme d’habitude, le sujet n’était pas à la forme interrogative, ce qui rend la problématisation encore plus discriminante qu’ailleurs. Ici, il fallait réussir à trouver une relation entre les exigences paradoxales du défi que représente nourrir la planète et une nouvelle « géopolitique de la faim ».

Les documents comprenaient une courte chronologie, deux articles de presse : l’un sur les modifications des régimes alimentaires et l’autre sur les biocarburants, des graphiques illustrant le cours du blé, du nombre de personnes sous-alimentées et celles en surpoids avec une comparaison chronologique et enfin une carte du monde montrant la prépondérance de l’anémie, une des conséquences de la « faim silencieuse », de la sous-alimentation chez les plus jeunes enfants.

Quelques pistes d’argumentation

Ce sujet avait la particularité de s’interroger sur les principaux aspects paradoxaux de la question alimentaire et agricole :

1er constat : Le monde ne devrait pas avoir faim.
L’agriculture mondiale produisant près de 3300 Kcal/jour/habitant devrait suffire à nourrir l’ensemble de la population mondiale..pourtant une mauvaise distribution et répartition de cette disponibilité alimentaire ne permet pas de nourrir le monde.

2nd constat : La question de la faim ne se pose pas de la même manière au nord et au sud, dans les pays développés et en développement : insuffisance qualitative (« malbouffe », surproduction industrielle avec pour conséquences : obésité en constante augmentation et crises sanitaires) d’une part, et défaut quantitatif d’autre part, la question est complexe et les situations paradoxales.

3e constat : Les familles agricoles et les pays détenant le plus de pourcentage de leur population active dans le domaine agricole ont plus de chance d’être concernés par la faim.
En clair : plus il y a d’agriculture, plus la question de la faim se pose avec acuité.

Concernant la nouvelle « géopolitique de la faim », on pouvait commencer par décrire la nouvelle donne géographique des zones touchées par la faim :baisse spectaculaire du nombre de mal nourris en Asie, mais l’Asie reste la zone la plus fortement touchée en valeur absolue, bien que l’Afrique comporte le plus fort pourcentage de population touchée par la faim. Puis, tenter d’expliquer la nouvelle donne de la question alimentaire contemporaine : dimension environnementale (baisse des terres arables, imminente économie de la rareté) et démographique (augmentation sans précédent de la population), mondialisation des comportements alimentaires (poisson, viande ! ) ingérable sur le long terme et participant de l’amplification du risque alimentaire et environnementale, rôles des marchés à terme ?, débat food versus fuel (N’est-ce pas paradoxal que les États-Unis soient les premiers contributeurs pour le PAM et soient en même temps à l’origine de crises alimentaires comme celle de la Tortillas en 2007 au Mexique, due à une augmentation du cours du maïs –les États-Unis exportant moins car consacrant une majeure partie de leur récolte à la production d’éthanol –?)

On pouvait dès lors insister sur les acteurs (anciens et nouveaux) de cette nouvelle géopolitique : États, communauté internationale (PAM), FMN et puissantes et polarisant fortement le marché de l’IAA (Industrie Agro-Alimentaire), marchés à termes…  Ainsi que sur les rapports de force désormais au cœur du défi alimentaire : développement de la culture OGM et brevetage du patrimoine alimentaire mondial (risque de formation de FMN de plus en plus puissantes et en situations de monopole – à l’instar de Monsanto) menaçant de déséquilibrer les rapports de forces économiques (la plupart des producteurs agricoles sont des petits paysans), « l’aide fatale » (Dombisa Moyo) du PAM qui nuit aux exploitations vivrières en soutenant les « grands » de l’IAA, dès lors volonté des États de protéger leur production (protectionnisme agricole au sud), débats actuels sur les partenariats économiques que l’UE à proposé aux pays ACP.

Mehdi Cornilliet et Ines Sahraoui.

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