Retrouvez le deuxième volet de la synthèse de l’actualité estivale. Après l’Asie, faisons un tour en Amérique latine ! A vos cahiers (d’actualité). Prêts ? Partez !

Au Brésil, manifestations monstres contre la présidente Dilma Rousseff

manifestations rousseff

Cet été, pendant que vous vous prélassiez sur la plage en sirotant du thé glacé, d’autres personnalités, à l’autre bout du monde, connaissaient un été plus agité : c’est le cas de Mme Rousseff, présidente de son Etat, dont la cote de popularité au Brésil a atteint des profondeurs abyssales : 8% d’opinions favorables au mois d’août.

Au-delà du contexte économique marqué par la croissance atone, le chômage encore faible mais qui grimpe dangereusement et l’inflation qui s’envole (sujet très sensible au Brésil depuis les hyperinflations des années 1960 et 1980 !), la population auriverde lui reproche la corruption omniprésente dans le milieu politique. L’affaire Petrobras, dans laquelle sont mêlés de nombreuses figures du parti de madame Rousseff, a fini de consumer le divorce entre la successeuse de Lula et ses électeurs. La défiance à l’encontre du gouvernement est patente dans les classes aisées et les milieux d’affaires, car malgré le fait qu’elle appartienne au même Parti des Travailleurs, Dilma Rousseff n’est pas réputée aussi « eco-friendly » que son prédécesseur. La sympathie de la classe ouvrière  à l’égard du parti de madame Rousseff s’estompe par ailleurs largement, en raison des mesures d’austérité qu’elle met en place depuis sa réélection en novembre dernier. Au Brésil, près des deux tiers des dépenses étatiques alimentent les aides sociales (Bolsa Familia, faim zéro…)

En conséquence, des manifestations sont régulièrement organisées par l’opposition dans lesquelles on scande volontiers « Fora Dilma ! » (Dehors Dilma !). La dernière en date remonte au 16 août, où 1 à 2 millions de Brésiliens selon les sources sont descendus dans la rue pour exiger le départ anticipé du gouvernement. Avec la baisse corrélée des cours des matières premières et des denrées alimentaires, l’avenir économique du Brésil semble bien sombre, dans un pays toujours caractérisé par de fortes inégalités sociales et une insécurité endémique.

Pour prendre la mesure de la déception brésilienne quant au développement du pays, on peut comparer cette année avec  2010, celle où le journal britannique The Economist titrait « Brazil takes off » (Le Brésil décolle) : à l’aube de cette décennie, alors que le monde se remettait tout juste de la crise des « subprimes », la croissance brésilienne était de 7,5% (contre 0,1% aujourd’hui). La côte de popularité de Lula, elle, culminait à 85%.

En Argentine, le péronisme, encore et toujours…

kirchner crise

Le péronisme a toujours le vent en poupe du côté de l’Argentine : après 12 ans de gouvernance de Nestor puis de Kristina Kirchner, les électeurs ont réaffirmé leur soutien au parti de l’actuelle présidente en plaçant leur suffrage sur son « poulain », Daniel Scioli. Avant le second tour le 25 octobre prochain, il totalise 38,5% des voix et distance ainsi largement son principal adversaire, Mauricio Macri. Le maire de Buenos Aires et leader de la « coalition pour le changement » a séduit de son côté 30% des électeurs. En troisième position, le péroniste Sergio Massa, opposé à la famille Kirchner, récolte 20,5% des voix et pourrait tenir le rôle d’arbitre pour le second tour en fonction des reports de voix qui vont s’opérer.

Indéniablement, le courant péroniste jouit toujours de l’aura que lui a octroyée Nestor Kirchner (le mari aujourd’hui décédé de Christina Kirchner) quand il a repris le pays en main en avril 2003, lorsque 58% de la population argentine se trouvait sous le seuil de pauvreté et que 24% de la population active était au chômage suite à l’effondrement économique du pays l’année précédente (en 2002, le PIB reculait de 11% !).

Ses méthodes dirigistes à contre-courant de la politique libérale des années 1990 qui s’apparentait bel et bien à une privatisation tous azimut ont permis à l’économie argentine de se redresser progressivement : entre 2005 et 2012, 6% de croissance par an en moyenne ! M. Kirchner s’est aussi évertué à renationaliser les entreprises stratégiques (comme la Compagnie des Eaux concédée à Suez quelques années plus tôt) ainsi qu’à rembourser par anticipation la dette du pays, mettant ainsi le FMI hors-jeu.

Comme le cas argentin est emblématique de la prédominance de la question sociale en Amérique latine et que, par ailleurs, il se caractérise par des enjeux monétaires et financiers complexes, Major-Prépa met à ta disposition une fiche pour mieux comprendre l’Argentine contemporaine: https://major-prepa.com/geopolitique/largentine-un-pays-neuf-qui-a-decu//

Crise frontalière entre la Colombie et le Venezuela

carte colombievenezuela

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé samedi 22 août la fermeture de la frontière entre son pays et la Colombie sur un tronçon de 100 km, et ce pour une durée indéterminée. La mesure qui vise à enrayer la montée des « paramilitaires colombiens et du crime organisé » aux abords de la frontière, est appuyée par une « opération de libération du peuple » (une coquetterie sémantique qui signifie « opération policière » au Venezuela) d’une rare envergure. L’opposition fustige d’ores et déjà cette initiative qu’elle qualifie de diversion, à trois mois du premier tour des législatives qui se tiendra le 6 décembre dans l’ensemble du pays.

Il faut dire que le bilan économique depuis l’accession de Nicolas Maduro au pouvoir à la suite du décès de Chavez en mars 2013 est peu flatteur pour le Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV) : le pays s’enfonce dans la récession et l’inflation endémique annihile toute possibilité de reprise. Cette dernière atteint 30% par an en moyenne, avec un pic à 56% en 2013. Conséquences : manque de liquidités disponibles et pénurie généralisée de tous les biens de première nécessité.

pdvsa

Les perspectives économiques à court terme sont par ailleurs loin d’être réjouissantes : le pays est toujours aussi tributaire de la vente du pétrole, qui représente 96% de ses exportations de 94% des entrées de devises étrangères. Le ralentissement de la Chine ainsi que la fin de l’embargo sur l’Iran devraient maintenir le prix du baril très bas, trop bas pour Caracas : certains spécialistes avancent que pour que parvenir à l’équilibre budgétaire, Maduro doit compter sur un baril à au moins 115$, alors qu’il peine actuellement à dépasser 40$. En conséquence, la PDVSA (la société nationale qui gère le pétrole au Venezuela) enregistre une perte record de 12 milliards de dollars en 2014. Quant à l’essence (gratuite au Venezuela !), elle fait l’objet de nombreux détournements qui alimentent le marché noir international, sur fond de corruption et de clientélisme. Indéniablement, le Venezuela s’impose comme l’archétype du pays victime du « syndrome hollandais », alors même qu’il détient les plus importantes réserves de pétrole au monde.

C’est précisément à cause de cette situation économique que la contrebande prospère le long de la frontière.  La pénurie de biens et de devises qui frappe le Venezuela et la forte corruptibilité des pouvoirs locaux (dans les deux pays cette fois) a favorisé le développement de l’économie souterraine. Le marché noir absorbe largement le peu de marchandises disponibles, créant de fait un véritable cercle vicieux.

Les provocations de Caracas ne s’arrêtent pas là: selon le recensement officiel vénézuélien, 861 Colombiens vivants au Venezuela à proximité de la frontière ont brutalement été expulsés, et ce sans aucun préavis. Après avoir joué la carte de l’apaisement, le président Juan Manuel Santos a tapé du poing sur la table en dénonçant des expulsions « inacceptables et contre-productives » et en rappelant à son homologue que les relations entre les deux Etats étaient jalonnées « d’épisodes amers » et que « l’histoire ne devait pas se reproduire ». Une rencontre entre la ministre la chef de la diplomatie colombienne, Maria Angela Holguinet son homologue vénézuélien Delcy Rodriguez doit se tenir le 26 août, mais la tension ne devrait pas retomber aussi précocement entre les deux pays.

Pour mieux comprendre la situation économique du Venezuela, c’est par ici : https://major-prepa.com/espagnol/la-fronde-sociale-au-venezuela/

Say it in English

Bribe (n) : pot-de-vin – to bribe (vb) : soudoyer, bribery (n): corruption
Bribery is a scourge (un fléau) for Brazil.

Mismanagement (n): mauvaise gestion (entreprise, Etat)

Social net : couverture social (net= un filet)

To crack down on : prendre de sévères mesures contre
In order to convince her electors, Dilma Rousseff must crack down on bribery and economic downturn.

Bitter-sweet (adj): mitigé

To bear the brunt of (vb): faire les frais de
Argentine people bore the brunt of IMF intervention.

Squeezed middle-class: la classe moyenne opprimée

To come up against strong opposition : renconter une vive opposition

To live off the welfare state : vivre au crochet de l’Etat

To fall short of expectation : ne pas avoir les résultats escomptés, décevoir…

QUIZ

Pour voir si tu exploites bien l’article !

Partagez le quiz pour voir vos résultats !


Dites-nous juste qui vous êtes, pour accéder à vos résultats !

Quizz actu été 2015 - Amérique latine I got %%score%% of %%total%% right

En ce moment, on vous fait gagner 10 livres, c’est par !